Mardi dernier j’ai eu la chance d’être invité à assister à une représentation de la pièce « Les 2 canards » actuellement à l’affiche au Théâtre Antoine.
Une fois n’est pas coutume malheureusement, j’ai d’avantage l’habitude de découvrir des spectacles de café-théâtre ou des one man donc ça fait du bien de changer un peu de registre et d’univers.
Ici, on se rapproche plus du théâtre de papa et d’ailleurs la moyenne d’âge des spectateurs en témoigne. Attention, cette remarque n’est pas à prendre d’un point de vue péjoratif, il existe autant de style d’humour qu’il existe de public différent et aucun ne peut être considéré meilleur qu’un autre, question de goût.
Je ne connaissais pas le Théâtre Antoine mais je dois avoué que je suis toujours assez impressionné par ces vieux théâtres parisiens qui respirent la magie avec ses moulures, ses balcons, son vieux rideau peint à la main, ses vendeurs de programmes… ça a un charme fou lol
« Les deux canards » est une pièce de Tristan Bernard dans la pure tradition du vaudeville et de la farce. Comme le veux l’exercice, le pitch est à la fois simple (le mari, la femme, l’amant etc) et compliqué puisque forcement propice aux quiproquos :
Gélidon, écrivain parisien et raffiné, lors d'un voyage en province, tombe sous le charme de Léontine...
...la voluptueuse et impétueuse épouse de l'imprimeur. Par amour pour lui, cette dernière fonde un journal de gauche et le nomme aussitôt rédacteur en chef. Mais voilà que Gélidon tombe également amoureux de l'irrésistible jeune fille du château. Afin de pouvoir l'approcher en toute liberté il devient aussi sur le champ le rédacteur en chef du journal de droite que veut lancer son baron de père. Notre journaliste écrit donc le matin sous son vrai nom et le soir sous un pseudonyme dans les deux feuilles concurrentes et politiquement opposées. Jusqu'au jour où conduit par une polémique qu'il a lui même déclenché, il se voit dans l'obligation de se provoquer lui même en duel...
Ce qui m’étonne avec ce genre de spectacle, c’est que le temps ne semble pas les toucher, même avec un langage pas très moderne, on peut toujours faire rire avec ces farces d’une autre époque !
D’une autre époque certes, mais on pourrait assez facilement les transposer à notre époque et ça c’est la marque d’une bonne histoire, elle est toujours adaptable et ne vieillit pas.
C’est vrai, au final on parle souvent du burlesque et des « happy end » des films américains mais ils n’ont rien inventé et on devrait sans doute plus souvent s’inspirer de nos pères dans ce domaine : Molière, Marivaux, Feydaux et ici Tristan Bernard.
Je ne m’attarderais pas sur l’histoire mais ce qui fait toujours la différence entre une adaptation et une autre, c’est bien sûr son casting !
Et je dois dire que le metteur en scène Alain Sachs a vu très juste en associant Isabelle Nanty à Yvan Le Bolloch.
Concernant Isabelle Nanty, rien a dire puisqu’elle est tout simplement parfaite, entre hystérie et douceur avec juste cette touche de folie qui fait la différence. Faire rire juste en prononçant le mot « narcotique » moi je dis bien joué !
Le plus étonnant c’est Yvan Le Bolloch donc. Sauf erreur de ma part, il s’agit de sa première apparition sur des planches et perso, même si j’ai eu quelques doutes dans les 5 premières minutes, je trouve qu’il correspond parfaitement au profil requis à ce genre d’exercice ! En effet, il possède à la fois le physique du courtisan parfait, la gouaille et les mimiques qu’impose l’exercice de la farce. On le sent vraiment à l’aise et virevoltant dans ce texte qui le pousse à jouer les canailles. Y’a un peu de Christian Clavier dans son jeu aux bonnes heures de « Panique au Plazza » … pas au temps des « Visiteurs » je vous rassure lol
Bref, il y a de forte chance de revoir régulièrement Yvan Le Bolloch dans ce style de pièce car ça lui colle parfaitement à la peau.
Ensuite, je voulais également souligné une pléiade d’excellents seconds rôles : Urbain Cancelier (le Mr Colignon dans Amelie Poulain), Pierre-Olivier Mornas (peu connu du grand public mais un jeu de scène vraiment remarquable), Gérard Chaillou (le boss de Camera Café), Jean-Marie Lecoq(quelle voix !), Catherine Chevallier, Jean-Pierre Lazzerini, Jean-Louis Barcelona, Michel Lagueyrie, Laurent Meda, Cassandre Vittu de Kerraoul.
Un excellent moment de comédie et même si les places ne sont pas données, il faut avoué qu’on en a pour son argent !
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